Une histoire, d’origine amérindienne, circule dans la sphère spirituelle: celle des deux loups, dont je fais un bref résumé :
Un sage explique à un petit garçon que deux loups vivent en l’homme et se combattent férocement.
L’un vit dans la peur, la tristesse l’avidité, la colère; l’autre vit dans l’espoir la bienveillance, la compassion, la joie l’amour.
L’enfant demande « lequel va gagner »?
Le sage répond : »celui que tu nourris ».
Cette histoire m’inspire une certaine tristesse et beaucoup de réserves.
Ainsi Il « faut » affamer un loup en nous. Bien sûr c’est celui qui porte le mal et tous les défauts du monde.
En nous abstenant de le nourrir nous déclarons plus fort que la Nature qui soutient et nourrit toutes ses créatures sans distinction?
Que deviendra t’il une fois qu’il ne sera plus nourri? En serons nous débarassé?
D’où vient il ce loup?
Il a surement traversé bien des contrées désertes et accidentées. C’est vrai, il a le poil terne, les flancs creux, les dents saillantes et le regard féroce.
D’où vient il?
Avons nous le pouvoir de supprimer ce qui nous dérange, ce qui nous fait peur?
C’est ce que nous faisons depuis des générations, ou du moins c’est ce nous tentons de faire. En réalité, nous avons juste élevé en nous, des colonies de révoltés, nous les avons nourris de haine et de ressentiment.
Et plus nous les avons nourris de haine, et plus nous nous sommes cruellement mutilés.
Plus nous leur administrons cette nourriture, plus cela nous demande de mutilation, encore plus d’amputation de notre force de vie.
Nous avons cru tué le diable, et nous nous sommes sentis tellement fort que nous nous sommes pris pour des saints.
Ce loup sauvage que nous ne « devrions » pas nourrir, il a du traverser des enfers et peut être aussi des paradis? Si nous le laissions raconter son histoire?
Si nous l’écoutions hurler à la face de la lune?
Écoutez ses cris. voyez comme l’air de la nuit en tremble.
Écoutez comment son cri transforme la teneur du temps.
Des étoiles sont apparues. elles sont venues nombreuses, attirées par ses plaintes. Voyez comme elles étincellent.
Le loup maudit les regarde et il s’est tu. Il s’est allongé et lèche ses plaies. le ciel veille sur lui jusqu’à l’aube.
Alors, ne voudriez vous pas nourrir ce loup, et qu’à la prochaine nuit, il vous raconte encore…
Ne voudriez vous pas disposer pour lui un peu de nourriture et d’eau?
Il a peut être juste besoin que nous lui donnions un peu de nourriture, et que nous écoutions son histoire.
Et de se reposer en nous sous e la caresse de notre regard.
Victoria Krieg